mercredi 3 janvier 2018

Quo Vadis ?, Henryk Sienkiewicz

C'est avec un grand enthousiasme que je vais vous présenter aujourd'hui ce qui est sans doute mon second gros coup de cœur de l'année. Il s'agit d'un grand classique de la fin du XIXème siècle dont vous avez certainement entendu parler ou que vous avez déjà découvert... Eh oui, c'est de Quo Vadis, un roman que je souhaitais lire depuis des années sans jamais en avoir pris le temps dont je vous parle. Au final, je suis heureuse d'avoir attendu pour pouvoir m'en délecter librement en été.


Fiche technique : 

Titre : Quo Vadis ?
Auteur : Henryk Sienkiewicz 
Édition : Poche
Publication : 2001 (originale en 1896)
Prix : 8,10€
Pages : 699


Résumé éditeur : 

"Qui ne connaît les héros de cette somptueuse reconstitution des temps néroniens ? Qui n'a rêvé ou frémi en imaginant leurs exploits ou leurs forfaits, bien avant que le cinéma eût fixé leurs traits ? Néron et l'incendie de Rome, la vie des premiers chrétiens dans les catacombes, les jeux sanglants du cirque, le combat singulier du géant Ursus contre un buffle sauvage sont depuis longtemps légendaires. La présente édition ne se contente pas de restituer la traduction intégrale du plus célèbre roman historique de notre temps. Elle guide le lecteur d'aujourd'hui dans les arcanes de la Rome impériale et constitue sans doute une introduction vivante et sûre à la littérature et à la civilisation latines. Ce roman puissamment pittoresque fait comprendre les narrations de Tacite et les satires de Juvénal, le Satyricon de Pétrone, les épigrammes de Martial et les commérages de Suétone".

Ma note : 18/20

Les + : une fresque magnifique, pleine de détails sur la culture antique et qui nous plonge vraiment aux temps néroniens; descriptions de Rome/vie de l’époque, style littéraire, intrigue qui tient en haleine jusqu’à la fin et permet de retracer au plus proche (et de la façon la plus émouvante) cette page de l’Histoire.
Les - : léger prosélytisme qui rend certains passages pesants (mais à remettre dans le contexte de l’époque.


Un avis un peu plus détaillé, pour ceux qui voudraient en savoir davantage:

J’ai presque tout aimé dans ce roman qui fait certainement partie de mes classiques préférés, pour la simple et bonne raison qu’aucune description n’est ennuyeuse. Pourtant, ce livre compte de nombreuses descriptions, tant sur la ville en elle-même et ses différents quartiers que sur les mœurs, les coutumes, la vie finalement sous le règne de Néron. Il nous replonge véritablement au cœur de la Rome antique, sous le règne d’un empereur tristement célèbre que l’on peut ici côtoyer de près, ce qui nous dresse une fresque passionnante d’un temps fascinant.

La plume pleine de grâce de l’auteur nous aide à apprécier ces descriptions sans qu’elles deviennent pesantes, et il nous apprend beaucoup de choses sur cette époque sans que l’on s’en rende compte. Mais en refermant le livre, on a le sentiment d’avoir été là, à cette époque, et d’avoir assisté à tous ces événements que raconte l’auteur.



Photo du film Quo Vadis de 1951 réalisé par Mervyn LeRoy.
L’intrigue elle-même, l’histoire d’amour entre Lucinius et Lygie, prend tout son sens dans la présentation de la nouvelle religion, à laquelle elle donne une profondeur qui permet de l’aborder sous un jour encore plus positif. En effet, tous ces martyrs sont si heureux, et ce couple semble si fort malgré les menaces auxquelles il doit faire face qu’on a presque envie de redécouvrir cette religion. Car, c’est à n’en pas douter, ce retour aux sources de la religion nous présente un christianisme comme purifié de la corruption, des scandales qui ont pu lui être injectés depuis au cours de l’Histoire. Mais du coup, cela peut devenir pesant pour lelecteur même si dans le contexte historique dans lequel on se situe, cette présentation trouve son sens. Bien que ce soit le point le plus négatif à mes yeux, car tous-les-chrétiens-ils-sont-beaux-tous-les-chrétiens-ils-sont-gentils, cela va deux minutes mais pas beaucoup plus, notre cher Pétrone vient calmer le jeu. En effet, notre écrivain préféré (et l’un des principaux personnages secondaires du roman) offre une opposition à la nouvelle religion. Pétrone, s’il n’y est pas clairement hostile non plus, ne souhaite pas adopter une telle doctrine car il est déjà heureux, et le roman nous démontrera que lui non plus n’a pas peur de la mort. Plus on avance dans le roman, et moins sa critique du christianisme semble sévère. Cependant, il offre tout de même un contre-point de vue et cela, c’est une bouffée d’air frais dans le livre. Sans compter que c’est un plaisir de (re)découvrir sa philosophie épicurienne typique de l’antiquité. 

Comme c’est le cas pour Pétrone, les portraits que l’auteur dresse des différents personnages, principaux mais aussi secondaires, permet d’enrichir l’histoire, l’intrigue et l’atmosphère du roman malgré l’opposition romains/chrétiens un peu trop évidente. C’est bien pour cela que le personnage de Pétrone est appréciable, car il n’est ni un abjecte romain se vautrant dans la débauche et dans le vice (il s’oppose dès le départ à l’accusation des chrétiens innocents, par exemple), ni un chrétien se conformant aux enseignements de la religion à tout prix, quitte à subir le martyr. Vinicius est aussi intéressant, dans la mesure où l’on peut apprécier son évolution de l’égoïsme et la débauche à l’amour et la piété religieuse. Les personnages chrétiens sont dépeints en opposition aux romains et à l’entourage de Néron : Lygie, par exemple, est d’une pureté qui contraste complètement avec la débauche dont font preuve les autres femmes (Néron souille une vestale, Poppée s’adonne à la manipulation et au crime…).

L’approche du christianisme, à travers l’accusation à tort dont l’injustice éclate dans le roman et la description des martyrs infligés aux chrétiens, est aussi très émotionnelle. Comment ne pas verser une larme quand l’auteur raconte ces massacres odieux et injustes ?


Pour qui ? Tous ceux qui s'intéressent à la culture latine ou qui souhaitent se faire une idée plus précise de ce que pouvait être la vie sous le règne de Néron; à ceux qui cherchent un beau livre sur les débuts du christianisme et les vagues de répression qui les ont accompagnés; enfin, pour ceux qui cherchent un classique allégé par une histoire d'amour et auraient peur de s'ennuyer... ce roman sera parfait !
 

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